Il y a 12 ans, j’avais un rêve.
Permettre aux cavaliers d’apprendre à monter à cheval dans un cadre qui respecterait les besoins du cheval et ceux du cavalier. Je rêvais d’un endroit où les chevaux vivraient en liberté, en troupeau, selon leurs règles et que grâce à leur bien-être, ils seraient en capacité d’être en échange avec nous.
J’ai donc cherché un lieu où ma priorité était qu’il y ait des prés. Au final, ayant 23 ans et pas un sou en poche, je n’ai pu trouver QUE des prés. Deux hectares. C’était déjà ça. Et pour quatre chevaux, c’était suffisant. Qu’à cela ne tienne, on allait d’abord faire en sorte que les chevaux soient installés confortablement et selon leurs besoins. Seulement ensuite nous nous occuperions de nous mettre nous, humains, en situation confortable. J’étais convaincue (et je le suis toujours) que ce ne sont pas les installations qui font un centre équestre. Ce sont les VALEURS. Tant mieux si nous pouvons avoir un peu de confort. Mais cela ne passe qu’APRES le bien être de nos chevaux.
Alors pendant des années, nous avons testé les meilleures solutions. Foin à volonté ou rationné ? Psyllium (pour éviter les coliques de sable) selon la dose recommandée ? Ou moins ? Ou plus ? Petit troupeau ? Gros troupeau ? Hongres, juments, poneys mélangés ? Ou séparés ? Grands prés ? Petits prés ? Faire la même chose l’hiver ou l’été ? Nous nous en sommes posés bien des questions ! Et nous continuons à nous les poser car c’est comme cela qu’on avance…
Avons-nous choisi la voie facile ? Non. Déjà parce que nous n’avions pas le choix au début. Ensuite, parce que je suis convaincue que les voies « faciles » nous obligent à rogner sur nos valeurs. Et ça, je ne le permettrais pas.
JAMAIS je n’enverrai un cheval qui ne peut plus travailler au « marchand » en sachant pertinemment qu’il ira à la boucherie. Je préfère le garder jusqu’à trouver la famille de rêve, même si cela doit prendre un an (et les coûts que cela engendre).
JAMAIS je ne réduirai la nourriture parce que cela coûte trop cher.
JAMAISje ne laisserai un cheval boiter sans lui montrer les différents professionnels qui peuvent l’aider.
JAMAIS je ne tomberai dans l’anthropomorphisme de faire selon mes besoins et non pas des leurs.
Par contre, est ce que je fais des erreurs? Oui bien sûr, comme tout le monde. J’essaie, j’apprends, je teste, je me documente, je recommence… Certaines de mes pratiques d’aujourd’hui ne sont plus les mêmes qu’il y a 10 ans, et ne seront pas les mêmes dans 10 ans. D’autres resteront les mêmes car elles ont démontré que c’était la bonne voie. J’ai essayé des chosesqui n’ont pas marché, fais confiance à des professionnels qui n’en étaient finalement pas vraiment, fais des choix qui étaient parfois bons, parfois mauvais… Et petit à petit nous avons avancé. Pour les chevaux, comme pour les cavaliers. Mais ça, se sera l’objet d’un prochain article.
Chaque jour, j’essaie de faire les meilleurs choix avec les cartes que j’ai en main pour mes chevaux. Ce n’est pas toujours l’idéal, mais c’est le mieux que je peux leur offrir. Je ne choisis pas le chemin facile, je choisis le mieux pour eux. Ils sont suivis par une multitude de professionnels, et nous travaillons ensemble à contribuer à leur bien être : vétérinaire, ostéopathe, vétérinaire ostéopathe magicienne, kinésiologue, praticienne shiatsu, podologue, masseuse, …. Et vu leur moral, leur forme physique, il semble que ce soit ce qui leur convient actuellement. Ils sont adorables avec les cavaliers, les séances de kinésiologie sur les blocages émotionnels se passent à merveille. J’imagine donc qu’on a trouvé un bon compromis. Et on continuera de le faire le plus longtemps possible.
@Jessica Londe – Touraine Cheval