Une méthode ou l’expérience ?
Ces dernières années je vois beaucoup de cavaliers qui se présentent à Touraine cheval et qui appliquent une méthode qu’ils ont appris. Que ce soit en club, avec des moniteurs, des formations en ligne, sur YouTube…
Ils ont appris à s’arrêter en tirant de toutes leur force sur les rênes.
Ils ont appris qu’il ne faut surtout jamais dépasser le milieu de l’encolure avec la rêne extérieure.
Ils ont appris à déplacer les hanches en poussant les fesses avec le stick en travail à pied.
Ils ont appris que un cheval ça se tient toujours à gauche....
Mais souvent ce qu’ils n’ont pas appris, c’est à comprendre ce qu’ils font. A sentir et ressentir le cheval. A comprendre le cheval qu’ils ont à côté d’eux ou sous la selle. A ressentir leur propre corps, leur respiration, leur conscience, leur intention, les mouvements du cheval…
Ils ont appris à appliquer une méthode mais ils n’ont pas appris l’équitation.
Ils ont appris à appliquer une méthode mais ils n’ont pas appris le CHEVAL.
Et ils ont l’illusion de savoir faire. Et c’est normal, c’est ce qu’ils ont appris. Applique la méthode bidule et tu seras champion.
Mais dès que l’on change un élément : le cheval, l’exercice, le matériel… Ils sont perdus.
Par exemple :
souvent je demande au cavalier de monter les mains pour s’arrêter. Car dans une situation de dressage, on soutient ses mains.
Et beaucoup de cavaliers qui ont appris ailleurs me disent :
– “Mais non , on m’a toujours appris à baisser les mains, ce n’est pas ça qu’il faut faire”
Alors quand je leur demande :
– “Pourquoi et à quel moment faut il abaisser les mains?”
– “Je ne sais pas”
Alors, je leur explique :
-“On demande souvent aux cavaliers débutants de baisser les mains pour les rendre plus fixes, plus proche d’une encolure ou d’un pommeau qui ne bougent pas mais plus tard, en dressage, on vous demandera de les lever.
Et souvent on apprend une chose jusqu’au galop 4, et après on nous fait tout changer. Et souvent, quand les cavaliers baissent les mains, ils ont le réflexe de tirer pour tourner et de se pencher en avant. Tout ce que nous voulons justement éviter. Et pour s’arrêter correctement en dressage, le cheval a besoin d’abaisser ses hanches. Un cavalier qui se tient droit, qui inspire, se grandit et où les mains vont dans le même sens, vers le haut, aide le cheval. Ce n’est pas, je me penche et je tire. C’est : je passe l’énergie de devant, derrière. Et cela est lié également à la confiance. Quand on stresse, on s’oriente vers la position du fœtus. Cela nous rassure. Il faut du temps pour oser se grandir, s’ouvrir et il faut se faire confiance et faire confiance à son cheval”
Parfois, quand mes cavaliers vont monter dans un autre centre, quelques moniteurs leur disent : tu as les mains trop hautes. Oui c’est vrai.
Car quand on apprend, on exagère le mouvement. Et petit à petit il s’affine. Et cela met des années.
Est ce que mes cavaliers sont les meilleurs ? Non. Est ce qu’ils tiennent parfaitement en équilibre à l’obstacle ? Non plus.
Mais est ce que ce sont des enfants, ados, femmes et hommes qui comprennentce qu’ils font ? Oui. Est ce que je peux emmener des galops 1 ou 2 en balade et galoper ? Oui. Pas à fond la caisse. Et il reste encore du travail. Mais je peux, et ils gèrent leurs chevaux aux 3 allures. J’encadre de la même façon certains cavaliers galop 4/5 qui ont appris une “méthode” mais qui ne l’ont jamais mise en application. Ce n’est pas de leur faute. Mais il faut se confronter à la réalité, tester, ressentir et comprendre son cheval.
Par contre, est ce que ce que j’apprends est “démonstratif?” Non. Il faudra de nombreuses séances avant de se sentir totalement en confiance dans son équilibre et avoir confiance dans ses réactions. Ressentir son propre corps et comprendre le fonctionnement d’un être complètement différent de nous. Mais pour ceux qui ont la patience et la conscience de ressentir cela, le résultat, la cohésion, le lien avec son cheval ira au delà de ce que l’on imaginait.
Alors n’appliquez pas juste une méthode. Demandez, questionnez : pourquoi est ce que je dois faire ça ? Dans quelle situation ? Avec quel cheval ?
Aucune méthode n’est mauvaise. Elles ont juste chacune un champs d’action. Et c’est le mélange de plusieurs méthodes qui permet de s’adapter à un cheval vivant, qui a ses propres réactions et émotions. Ce qui convient à un cheval ne conviendra pas à un autre cheval. Ce qui convient à un cavalier, ne conviendra pas à un autre cavalier.
Et c’est cela mon métier, permettre aux cavaliers de comprendre. Pour pouvoir s’adapter et ressentir leur cheval. De là naîtront le plaisir et la complicité. Mais cela demande du travail et du temps. Alors cherchez vous une méthode facile et rapide, où cherchez vous la réelle connexion ?
© Jessica Londe – Touraine Cheval